Électrification par systèmes solaires décentralisés : 625 infrastructures sociocommunautaires de 175 localités éclairées
Depuis ces dernières années, le gouvernement burkinabè s’est lancé dans une course pour l’accroissement du taux de couverture électrique national. L’objectif est de fournir une source d’énergie fiable au plus grand nombre de la population et à terme, atteindre l’accès universel. C’est dans ce cadre que le Ministère de l’Energie a initié le ‘’Projet d’électrification par systèmes solaires décentralisés de 175 localités’’ rurales, non connectées à un réseau électrique. Nous avons fait une immersion dans 4 d’entre elles pour constater les impacts de cette électrification, dans les lignes qui suivent.
Les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), les places publiques, les écoles primaires et dans certaines localités, les lycées et Collèges d’enseignement général (CEG), constituent les infrastructures sociocommunautaires bénéficiaires de l’électricité, dans le cadre du ‘’Projet d’électrification par systèmes solaires décentralisés de 175 localités’’. Pour les populations de Koui dans la commune de Boussé, Koukin, Commune de Niou, Kounda à Toécé et Karo à Dédougou, l’arrivée de l’électricité est une aubaine.
Amélioration des conditions de travail dans les CSPS
Finis les accouchements et les soins faits dans des conditions précaires, Mme Natacha SIA, Responsable de la maternité au CSPS de Kounda en témoigne : « Avant on souffrait, on souffrait vraiment. Sans l’électricité c’est compliqué. La femme qui vient accoucher se cherche, toi aussi la sage-femme tu te cherches car tout est noir autour de nous ». Mais grâce à ce projet du Ministère de l’Energie, ses collègues et elle, exercent mieux leur métier, ne manque-t-elle pas d’ajouter.
Mme Safiatou DIANDE est à son 4e accouchement. Elle vient de donner, à nouveau, la vie en début de matinée. Mais, nous confie-t-elle « J’ai eu un de mes enfants pendant la nuit, dans ce même CSPS de Kounda. Ce n’était pas facile. C’est à l’aide de torche que l’on m’a aidé à accoucher ». Fatiguée, la parturiente nous renvoie à son accompagnante Mme Bibata DIALLO, pour la suite du récit. « En son temps, c’était difficile. Il faisait nuit noire. C’est moi-même qui ai dû attraper la torche afin que le docteur ait les mains libres pour effectuer l’accouchement ».
La lumière aide énormément les agents de santé et ce n’est pas M. Wahabou SANKARA qui nous dira le contraire. « Vraiment, elle nous facilite la tâche. Sinon souvent nous étions obligés de mettre la torche dans la bouche (mimant le geste) pour pouvoir travailler alors que ce n’est pas hygiénique. Ou encore nous la mettions au cou comme des chasseurs », nous relate, en riant, l’Infirmier diplômé d’Etat (IDE) en poste au CSPS de Koui.
Comme lui, ces mésaventures sont narrées au passé par de nombreux agents de santé. Ils témoignent travailler, désormais, dans de meilleures conditions à la faveur du ‘’Projet d’électrification par systèmes solaires décentralisés de 175 localités’’. C’est un projet qui vise à faciliter l’accès à l’électricité dans les localités, non encore connectées au réseau électrique national, via l’énergie solaire. Le projet a, en l’espace de quelques mois, donné du confort et du réconfort aux agents de santé de 137 CSPS, répartis sur tout le territoire national. Chaque centre de santé bénéficie des mêmes équipements, hormis le nombre de lampadaires qui est laissé au choix de la localité. « Nous avons reçu deux (2) plaques solaires, des batteries plus des onduleurs, convertisseur et régulateur de tension. Nous avons bénéficié aussi de dix-huit (18) luminaires pour éclairer entièrement la maternité, plus deux (2) lampadaires solaires pour l’éclairage nocturne et un (1) chauffe-eau solaire d’une capacité de 300 l », témoigne Benjamin KABORE. Chef de poste du CSPS de Koui, il dit aussi avoir reçu des luminaires de rechanges.
Selon les explications du Directeur général des énergies renouvelables (DGER) du Ministère de l’Energie, M. Kibsa Issaka NONG-NOGO, les dotations ont été étudiées pour répondre efficacement aux besoins des bénéficiaires. Ce sont des installations qui doivent profiter à toute la population, soutient-il. Mme Alimata ZONGO, Agent itinérante de santé (AIS) au CSPS de Koukin, le confirme. « Les agents de santé bénéficient des installations, mais les malades aussi. Pendant la saison pluvieuse, les femmes passaient leur temps à ramasser le bois pour faire le feu difficilement. Mais depuis que nous avons le chauffe-eau solaire, elles utilisent l’eau chaude pour se doucher, laver le bébé, etc. Vraiment ça les aide beaucoup. Il y a des femmes même qui disent que cette facilité d’avoir de l’eau chaude va les encourager à accoucher plus souvent ». Compatissante des parturientes, Mme Irène TOGUYENI, accoucheuse au CSPS de Karo, nous relate : « Avant les femmes allumais le bois un peu partout, elles faisaient des foyers à l’aide de cailloux et salissaient tout autour de la maternité. Mais maintenant, elles ont de l’eau chaude à tout moment ». Quant à Mme SIA, plus sereine depuis l’installation des équipements solaires, elle nous affirme « Souvent la nuit, on s’assoit dehors pour attendre les malades dans le noir avec des reptiles qui peuvent surgir de nulle part. Mais grâce aux lampadaires, nous n’avons plus peur. Le CSPS est éclairé et sécurisé ».
Des rendements scolaires à la hausse
Les élèves et le corps enseignant de 217 écoles primaires et de 96 lycées et CEG des 13 régions du Burkina Faso travaillent désormais dans un meilleur environnement. Le courant électrique permet à ces enseignants de mieux ‘’éclairer la lanterne’’ des apprenants et à ces derniers d’exceller dans leurs études. Fièrement, Emile BICTOGO, élève en 5e B au CEG de Koukin confie « J’ai de bonnes notes dans toutes les matières maintenant ». Avant, il apprenait ses leçons, avec une torche à la maison. Désormais, c’est à l’école qu’il étudie, souvent jusqu’à 22h. Fabienne NITIEMA, élève en classe de 2nd C au CEG de Kounda, quant à elle affirme « L’électricité nous a beaucoup aidé. Je peux dire que c’est grâce à elle que j’ai eu mon BEPC l’année dernière ».
Le Directeur du CEG, M. Paul ZONGO confirme : « Cette électrification a permis d’intensifier les activités des élèves. Ils apprennent jusqu’à une certaine heure la nuit et le matin ça se ressent que les cours ont été assimilés ». Il est très satisfait de cette action que le Ministère a menée en faveur de son établissement et des autres bénéficiaires. « Nous leur en sommes reconnaissants. La preuve, nous avons eu un meilleur résultat la première année où l’école a été électrifiée. Nous avons été 23e au BEPC sur 171 établissements, selon le classement régional », se réjouit-il.
2 plaques de 250 W, 6 batteries de 150W, 1 onduleur, des lampes pour éclairer un bâtiment choisi par l’établissement, constituent les équipements dont les CEG ont bénéficié. Ils ont aussi eu une dotation en lampadaires solaires, selon la répartition des autorités de la localité.
« En dehors du cadre de travail des enfants, il y a la sécurisation du CEG. C’est une bonne action et c’est surtout rassurant », conclut M. ZONGO.
L’électricité, moteur de croissance économique
En plus des infrastructures suscitées, le ‘’Projet d’électrification par systèmes solaires décentralisés de 175 localités’’ a permis d’éclairer les places publiques dans les différents villages bénéficiaires. Aux dires du Secrétaire général du Conseil villageois de développement (CVD), M. Jean-Baptiste BONKOUNGOU, « Avec la venue de l’éclairage public, nous avons constaté que le marché est en train de s’étendre. L’activité économique est en plein essor et cela va bénéficier à tout le village. C’est un projet à encourager ».
Installé sous un lampadaire solaire à Koukin, M. Dieudonné ILBOUDO, grilleur de viande, a vu son commerce prospérer. Il profite tranquillement de l’éclairage public, sans aucun frais. « Les lampadaires nous aident beaucoup. Ça éclaire aussi très bien. Maintenant, nous pouvons vendre jusqu’à une heure tardive », se réjouit-il. Idem pour Mme Florence KONVOLBO, vendeuse de banane au marché de Kounda. « Nous restons souvent jusqu’à minuit. Nous pouvons mieux vendre et cela se ressent dans notre recette ». Le ‘’Projet d’électrification par systèmes solaires décentralisés de 175 localités’’ contribue ainsi efficacement à l’amélioration des conditions de vie des populations. Il participe également à l’instauration d’un climat plus sécurisé. Chacune des 175 localités a donc bénéficié de 8 lampadaires solaires pour l’éclairage de la place publique. M. BONKOUNGOU explique la répartition à leur niveau. « Nous avons placé 5 lampadaires au marché, 1 au CEG et 2 au CSPS ». Grâce à l’éclairage nocturne, M. Yaya SANOGO, trésorier adjoint du CVD de Karo, estime que son village a désormais l’allure d’une ville. Il soutient « La nuit, il faisait trop noir. On ne pouvait même pas bien distinguer l’emplacement des infrastructures. Mais maintenant, c’est bien éclairé ». Le CVD de KOUKIN, M. Soumaïla TAONSA révèle à son tour : « Avant les commerçants n’avaient pas confiance la nuit. Tu vois quelqu’un venir, tu ne sais pas si c’est un client ou un malfaiteur. Maintenant, nous nous sentons plus en sécurité. Vraiment, l’éclairage nous est bénéfique et il contribue énormément à l’expansion de notre économie locale ».
Au regard de l’engouement suscité par le projet auprès des populations bénéficiaires, le Ministère de l’Energie affiche des motifs de satisfaction. Pour le Ministre de l’Energie « Tout le monde a droit à l’électricité ». C’est en cela que son département travaille à rendre l’énergie accessible, dans les zones les plus reculées, isolées et non couvertes par le réseau électrique pour la satisfaction des besoins sociaux de base. Grâce aux services énergétiques modernes et innovants, le nombre de villages électrifiés au Burkina Faso a triplé ces 5 dernières années. « Nous remercions le Ministère de l’Energie d’avoir pensé à nous. Je sais que tous les villages ne sont pas éclairés. Nous, nous avons eu la chance », dit humblement Mme Irène TOGUYENI.
Issaka K. NONG-NOGO, Directeur général des énergies renouvelables (DGER)
« Le taux de couverture du Burkina Faso reste toujours marginal malgré les gros investissements réalisés ces dix dernières années pour l’approvisionnement durable et fiable en énergie. L’énergie électrique reste peu accessible surtout en zone rurale et l’accès aux services énergétiques modernes demeure l’apanage des populations vivant dans les zones urbaines. L’examen de cette situation peu reluisante montre qu’une des faiblesses réside dans la non mise à contribution des sources d’énergie endogène telles que l’énergie solaire photovoltaïque dont le gisement est assez important pour notre pays.
C’est ainsi que le Gouvernement a fait l’option claire et définitive de donner une nouvelle orientation à la politique énergétique de notre pays à travers une transition énergétique vers les énergies renouvelables et le transfert de technologies innovantes et efficaces. En témoigne le projet d’électrification solaire photovoltaïque des infrastructures sociocommunautaires dans 175 localités. L’objectif général est de fournir aux services de santé et d’éducation, surtout du milieu rural, l’accès à l’énergie et l’amélioration du niveau de résilience sécuritaire dans ces localités, par l’installation de lampadaires solaires dans les places publiques.
Les motifs de satisfaction demeurent dans l’engouement suscité par le projet auprès des populations bénéficiaires. C’est aussi l’accomplissement de l’un des objectifs du Gouvernement d’accroitre l’offre énergétique.
Dans la programmation pour l’année budgétaire 2020-2021, il est prévu l’installation de 1 488 autres systèmes solaires au profit de 691 écoles primaires, 301 lycées et CEG et de 496 CSPS.
En terme de bilan à mi-parcours, y compris les investissements du projet des 175 localités, nous avons déployé au total 951 systèmes solaires au profit de 538 écoles primaires, 135 lycées et CEG et 278 CSPS. A ce jour, le nombre d’infrastructures sociocommunautaires restant pour être couvert par le projet se présente comme suit : 10 063 Ecoles primaires, 1 591 Lycées et CEG et 1 164 CSPS ».
Dinar YOUSSAHOU, Directeur des opérations de SOUMEC-SOLEKTRA
« Nous avons eu à charge d’installer 1400 lampadaires, 450 mini-centrales et 150 chauffe-eaux solaires dans 175 localités répandues sur tout le territoire national. Nous sommes parvenus à installer les équipements même dans les localités les plus reculées. Malgré l’insécurité et les difficultés liées à l’accessibilité de certaines localités, le projet a été bien exécuté dans l’ensemble pour le bonheur des bénéficiaires.
Tous les équipements que nous avons installés marchent très bien. Nous laissons nos contacts sur tous les sites où nous avons implanté le matériel solaire. Nous sommes joignables à tout moment. Une équipe technique a été mise en place spécialement pour suivre la maintenance de ces équipements.
Nous conseillons aux bénéficiaires de bien entretenir les équipements car c’est la maintenance qui en assure la pérennité. Nous les exhortons à s’approprier ses dotations du Ministère de l’Energie et à en faire bon usage ».
DCPM/ME
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